Chronique de livre · roman

Chronique de livre: L’Épée de l’Hiver

L’épée de l’hiver, de Marta Randall, traduit par Nathalie Serval

epee-hiverDescription: (de Les Moutons Électriques )

Dans le pays glacé de Cherek, lord Gambim de Jentesi va mourir, et le chaos menace.
Durant les quatre décennies de sa toute-puissance, Gambin a tenu sa province dans une main de fer. Tandis que complotent ses quatre héritiers possibles, le peuple de Cherek observe avec inquiétude les péripéties de la passation de pouvoir. Car si la puissance de Gambin passe tout entière à ses héritiers, Cherek risque de voir compromises les promesses d’un avenir meilleur et de retomber dans l’obscurantisme. Dans celte atmosphère empoisonnée, un tissu d’intrigues se tisse autour de Lyeth, femme-lige du seigneur de Jentesi, qui déteste l’homme cruel qu’elle a servi.

J’ai trouvé ce livre à la bibliothèque et je lui ai sauté dessus au premier regard. Je l’avais déjà repéré en librairie lors de sa sortie mais je préfère en général lire les livres écrit en anglais dans leur langue d’origine, si j’en ai la possibilité. Mais comme The Sword of Winter n’est plus édité, je me suis donc rabattu sur celui-ci.

31E6J4AJseLLa couverture est en plus en elle-même une magnifique raison d’y avoir jeter mon dévolu! Je la préfère énormément à celle de la version VO (ci-contre). Chacune met l’accent sur un aspect différent de l’histoire, celle en français sur le lieu et le cadre, et celle en VO sur les personnages.

En parlant de personnages, ce roman se concentre sur Lyeth, une cavalière du seigneur, en d’autres termes une messagère. C’est une femme dure, vulgaire et, à première vue, antipathique. Ce n’est pas pour me déplaire, on voit rarement des personnages féminins qui sortent des codes du personnages sympas et drôles à suivre. On apprend à connaître cette femme secrète et renfermée et on assiste au fil des pages à son adoucissement, l’élément déclencheur étant son attachement à un jeune garçon qu’elle ramasse au détour d’un village.

J’ai aimé que chaque chapitre prenne le temps de présenter des personnages, je ne me suis jamais sentie débordée par une grande platrée de personnages et de noms, pour chacun on a le temps de les connaitre et de recevoir les informations les concernant. Pas vraiment d’action ou de frissons dans cette lecture, plutôt une intrigue politique et centrée sur les personnages et leurs relations.

Le début est assez lent, et je comprends les chroniques aux avis mitigés. A plusieurs reprises je me retrouvais à regarder mon téléphone, à penser à autre chose. Je n’étais pas très agrippée. Toutefois un peu avant la moitié j’ai été plus intéressé par ce que pouvait me réserver la suite et ma lecture est devenue un peu moins laborieuse.

FullSizeRender (4)Pour ce qui est du style, je me demande vraiment si je n’aurais pas aimé ce roman un peu plus si je l’avais lu en VO, la traduction me semblait parfois bancale. Le roman date bien sûr des années 80, et le cadre est médiéval donc on ressent un vocabulaire daté, mais des expressions semblaient parfois incongrues.

Le monde dont lequel on plonge ici est un monde en plein chamboulement : le seigneur actuel se meurt sans se décider à choisir un-e héritier-e, un nouveau pays est découvert, des nouvelles technologies se mettent en place… Ce qui amène à une intrigue qui se tisse autour d’histoires de successions, avec des complots de toutes part, des guildes de toutes sortes (que ce soit les marchants ou plus récents, les horlogiers) en passant par les héritiers, conseillers et petits seigneurs.
Mais nous n’avons pas affaire à un roman épique ici, l’intrigue s’étale seulement sur une semaine (la personnage principale note vers la fin que six jours se sont passés depuis les événements du début.) Ce n’est pas plus mal, il est plutôt rare de trouver des romans de fantasy qui ne fassent pas parti d’une série et qui aient un rayon d’action assez court.

Il y a une histoire de prophétie après une cinquantaine de pages et forcément, lecteurs assidus que nous sommes, il est très simple de deviner un “plot twist” à venir. Il y a aussi la corde narrative un peu facile où un adulte fait parler un enfant sur ses connaissances historiques pour que le lecteur comprenne un peu plus ce qui se passe dans ce Royaume, ce qui est un peu facile et ennuyeux, mais heureusement cela n’a pas duré trop longtemps.
Une autre chose qui m’a fait grimacer est la relation assez problématique avec un personnage, qui, nous dit-on, fût “son second père, second professeur, premier amant…“, en parlant de Lyeth qui est maintenant une femme adulte. On apprend que cet homme répète la même chose avec chacun de ses “protégés”. Une attitude qui n’est jamais remise en question ou dénoncée.

Néanmoins j’ai apprécié le fait qu’il semble que ce roman soit dénué de sexisme ou d’une société patriarcale. A aucun moment Lyeth ne reçoit de réflexion sur le fait qu’elle soit une femme à un poste de haut rang de cavalière, on trouve de même de nombreux personnages féminins en position de pouvoir. C’est rafraîchissant dans un roman de fantasy médiéval!

Je pense que j’aurais été un peu moins déçus sans le dernier paragraphe d’accroche de la description du roman, que je n’ai pas inclus ici (mais que vous pouvez trouver en cliquant sur le lien du site de l’éditeur.) Les promesses de thriller de fantasy dynastique et de pincée de steampunk m’ont vendues du rêve, et mes attentes ont ensuite étaient un peu difficile à étancher.
J’aurais du mal à recommander ce roman, mais je ne regrette pas non plus d’avoir passer quelques heures avec.

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