Chronique de livre: Allison

Allison, de Laurent Queyssi

1993 : l’année du bac pour Allison, qui attend le jour où elle pourra quitter sa petite ville terne. Heureusement, il y a la musique. Le groupe dans lequel elle joue de la basse, Sugarmaim, mais aussi tous ceux qu’elle écoute : Pixies, Ride, Sonic Youth, Slowdive ou Pavement.

Puis il y a celui qui l’a fait littéralement planer, un matin d’hiver froid : My Bloody Valentine. En écoutant « Loveless », walkman sur les oreilles, la jeune fille décolle. Littéralement. Ses pieds ne touchent plus le sol. Elle lévite. Quand l’expérience se répète, Allison commence à s’inquiéter. Pourquoi est-elle ainsi transportée par la musique ? Est-elle malade ? A-t-elle hérité d’un étrange pouvoir que possédait son père, disparu quand elle était enfant ? Pour le découvrir,elle va devoir se perdre dans une salle de concert anglaise, à la recherche d’un auteur dont le personnage principal est atteint du même syndrome. Se perdre… et se retrouver ?

Comédie douce-amère sur l’adolescence, les origines et le passage à l’âge adulte, avec la musique des années 90 en fond sonore, Allisonremixe L’Attrape-cœur avec John Hugues. Une histoire d’amour et de connaissance de soi hantée par la voix rauque de Kurt Cobain.

Un petit roman young adult français très sympa, lecture rapide et prenante, émouvante parfois.

Allison est en terminale en 1993, passionnée de musique et musicienne, fumeuse, blasée.
L’histoire se lance lorsqu’elle se rend compte qu’être absorbée dans la musique la fait léviter, quelque chose de légèrement embêtant quand on joue dans un groupe ou qu’on écoute de la musique à chaque instant de la journée, walkman dans la poche et casque sur les oreilles.

“Je profite à ma façon de cette sensation confuse de me sentir bien, mais décalée.”

La touche de magie avec la lévitation d’Allison liée à la musique est très légère, sa quête d’information sur son père décédé lorsqu’elle était petite étant le fil rouge du roman: une quête d’identité.
Je manque de culture musicale pour apprécier pleinement ce côté là du récit mais j’ai tout de même bien aimé cette ambiance de 1993. Rempli de références de l’époque, le texte est plein de paroles et titres de chansons, de descriptions de morceaux: on sent réellement la passion d’Allison, et de l’auteur? Par contre les références aux séries télé m’ont bien plu!

Ce qui m’a fait apprécier le roman est surtout le fait qu’il se passe par chez moi, dans le sud-ouest! C’était la première fois que je lisais un roman faisant référence à des endroits que je connaissais si bien et c’est vraiment cool comme sensation!

J’ai beaucoup aimé le fait qu’Allison soit bien entourée: famille sympathique bien que peu présente dans l’histoire, amies et amis proches, petites soirées et concerts rock.

“- Tu veux que je vienne?
– Si tu veux.
Elle n’a pas osé dire “oui, ça me ferait très plaisir de te voir et de te parler”, mais le soulagement dans sa voix était assez signifiant.”

Plusieurs relations sexuelles (avec fendu au noir, pas de détails) sont présentes et j’ai apprécié la façon simple dont elles sont abordés, comme des choses normales de la vie. Personnellement j’aurais préféré le roman sans ça mais je ne peux qu’apprécier la façon dont les relations adolescentes sont montrées ici, les discussions entre copines sans tabous, les réflexions sur les différences entre amour et attraction, etc.
Je n’étais par contre pas très fan des deux instances où Allison/l’auteur parlent de “pédés”, peut m’importe que le roman se passe dans une autre époque que le notre: le fait est qu’il est publié en 2017 et qu’une façon moins insultante de dire la même chose aurait pu être utilisée.

J’ai parfois trouvé que l’on sent que c’est un adulte qui écrit, certaines remarques font un peu fausses venant d’Allison ; peut-être qu’une narration d’une Allison plus veille se remémorant cet épisode de sa jeunesse aurait évité cette sensation? C’est juste une impression personnelle, et peut-être que d’autres personnes se retrouveront dans ces passages là au contraire.

En gros je suis contente de ma lecture, je n’avais pas lu de roman avec une lycéenne française en personnage principal depuis longtemps et cela m’a permis une bouffée d’air frais de retrouver mon petit coin de pays dans ces pages, sans m’y attendre! Je me suis aussi retrouvée dans quelques petites phrases, même si moins dans d’autres.

“Le lendemain, en sortant du lycée, et d’une interro surprise d’histoire où j’ai réussi l’exploit d’écrire deux pages sans citer la moindre date, je fais un arrêt chez mes grands-parents.”

Si ce roman n’est pas un coup de cœur total pour moi, c’est seulement par préférences personnelles, sinon c’est vraiment un bon roman qui aurait le potentiel de devenir le petit préféré de bon nombres de jeunes personnes ou même d’adultes nostalgiques.