Gynoïdes, sorcières, vampires, chiennes et souris de laboratoire : toutes sont liées à la cyborg de Donna Haraway.
Reprenant la liste d’auteurs et autrices de science-fiction féministe citées à la fin du Manifeste cyborg, Ïan Larue redéfinit cette figure fondatrice dans la pensée de la philosophe : « La cyborg, c’est l’esclave noire qui apprend à lire dans un roman d’Octavia Butler ; la jeune fille encapsulée qui, loin de se sentir handicapée, connaît des milliers de connexions ; la fille-orque transportée dans les étoiles. La cyborg est l’hybride suprême, hybride entre une femme réelle et un personnage de roman qui se superpose à elle pour la doter de mille nouvelles possibilités dont celle, fondamentale, de faire éclater capitalisme, famille et patriarcat. » (de Cambourakis)
En feuilletant ce livre en librairie lors de sa sortie, je me rappelle avoir été frappée de le voir écrit en écriture inclusive. Cela m’a poussé à l’ajouter automatiquement à ma liste pour Noël (2018) et je l’ai eu. Un an et quelques plus tard, je le lis enfin !
Libère-toi cyborg ! est un livre passionnant qui étudie le Manifeste Cyborg de Haraway et surtout les romans sur lesquels celle-ci se penche. J’ai rajouté des dizaines de titres à ma pile à lire, et me suis souvenu de pourquoi certains y étaient déjà ! J’ai apprécié l’attention donnée à la disponibilité des titres en français et aux remarques sur les traductions. Le regard critique de Larue ainsi que son ton qui sait se faire tant sérieux qu’humoristique tinté de colère sur notre monde patriarcale, font de ce livre une lecture tout à fait divertissante en plus de son intérêt académique.
Si certains passages m’ont vraiment enthousiasmé, d’autres m’ont plutôt fait lever les sourcils, mais ça n’enlève pas son mérite au livre : il y a de quoi réfléchir, s’interroger, aller plus loin, ou simplement voir d’autres façons de penser.
C’est un titre profondément inclusif : pas de white feminism ici, les écrits de femmes et hommes de couleurs sont analysés et mentionnés, et la transidentité et non-binarité sont aussi longuement discutés.
(Par contre, le Manifeste Cyborg et le livre ici présent s’appuient souvent sur The Female Man de Joanna Russ et j’ai pu voir à de nombreuses reprises par le passé des personnes trans parler du sentiment de transphobie qui en ressort, sans qu’il soit ici analysé, donc je reste perplexe sur ce point là entre autres. La transidentité est pourtant abordée souvent et surtout dans le chapitre 12 avec principalement les écrits de Samuel Delany comme base.
De même, ayant lu The Secret Commonwealth de Philip Pullman, je ne le considère personnellement plus vraiment comme un auteur féministe.)
C’est le premier titre que je lis de chez Cambourakis et après avoir fait un tour sur leur site, je peux certifier que c’est loin d’être le dernier, leur catalogue me fait saliver !
Je lisais en même temps Monster, She Wrote: The Women Who Pioneered Horror and Speculative Fiction et comme certains points se faisaient échos, l’un allant plus en détail que l’autre sur certaines choses et inversement, j’ai apprécié de mélanger ces deux lectures.