Votre équipe d’aventuriers affamés se retrouve privée de provisions en pleine exploration d’un donjon infesté de monstres. Dépêchez-vous ! L’un de vos compagnons vient d’être dévoré par un dragon. Quand le monstre l’aura entièrement digéré, vous ne pourrez plus le ressusciter !
Et si la réponse était là, sous vos yeux ? Pleine de griffes ou de crocs, de poils ou d’écailles, de tentacules ou de pinces… mais appétissante, non ?
Gloutons & Dragons, le manga qui invente la gastronomic fantasy ! (de Casterman)
Gloutons & Dragons débute au milieu du combat d’une guilde contre un dragon au fin fond d’un donjon. L’impensable se produit et l’une des membres du groupe se fait manger. Revenus au point de départ grâce au sort de celle-ci les sauvant dans un ultime effort, ils se retrouvent avec un nombre de ressources très limitées, et des abandons de poste. Pour Laïos, le chef de la bande, c’est pourtant le moment de briller : pour pouvoir retourner sauver sa sœur, sa passion pour les monstres et la cuisine va enfin être utile.
Le trait de la mangaka est fin, plutôt classique mais a réussi à me faire exploser de rire lorsqu’elle manipule les expressions faciales des personnages. Si Laïos ressemble à un personnage d’arrière-plan visuellement, il va se transformer avec un visage très expressif dès qu’il parle de sa passion ou dans les moments très humoristique. Ça m’a un peu fait penser à la façon dont Alphonse dans Fullmetal Alchemist pouvait apparaître comme une armure sombre, inquiétante et réaliste un instant, et adorable avec des traits simplifiés de l’autre.
Un personnage – plus âgé que la petite troupe – les rejoins dès le premier chapitre et s’avère être aussi un amateur de cuisine, faisant ainsi office de mentor gastronomique, insistant sur les valeurs d’une bonne alimentation et canalisant l’enthousiasme débordant de Laïos. Que ce soit Senshi le nain bourru, Tylchak l’halfelons blasé au rôle de voleur, Marcyle l’elfe magicienne pas très emballée par l’aventure culinaire mais décidée à sauver son amie ou Laïos le chevalier enthousiaste, les personnages sont tous attachants et se complètent bien.
Le passage du dramatique (il y a tout de même des moments sombres) à l’humoristique en une fraction de seconde est la force de cette série. Un exemple, les personnages doivent trouver un moyen de traverser un corridor gardé par des armures enchantées, les mines sérieuses et réfléchies vont alors tout à coup se tourner vers Laïos qui va avouer son désir de goûter une armure en ragoût !
D’ailleurs, le bestiaire que crée Ryôko Kui est original et varié, et la trame narrative bien ficelée : un nouveau danger ou mystère entraîne toujours les personnages vers l’avant, sans oublier de prendre le temps des fameuses pauses repas. Tout en évitant le répétitif d’une aventure trop épisodique, la série prend le temps de s’intéresser à chacun d’eux à tour de rôle, sur leur passé, leurs spécialités (magique ou non) ou leurs relations. Les personnages se multiplient au fur et à mesure des tomes, avec l’apparition d’autres guildes, ce qui fait ressentir une réelle communauté au sein de ce donjon, ainsi qu’une histoire plus générale avec les enjeux économique du donjon en lui-même et des différentes races fantastiques (orques, elfes, etc.) qui peuplent ce monde. J’ai aussi adoré le fait que l’histoire prenne le temps d’aborder les conflits entre celles-ci et évite de créer une « méchante race » comme il en est parfois le cas. C’est avec brio que la mangaka aborde des sujets sérieux tout en gardant un ton léger et absurde sans tomber dans la parodie ou l’irrespect.
Cette série compte pour l’instant sept volumes. Je suis déjà retournée emprunter les volumes 5 et 6 à la bibliothèque et achèterai sans aucun doute le septième à sa sortie, tant j’ai eu un coup de cœur pour cette série de fantasy culinaire humoristique qui mélange si bien les genres !
Quelques petits tweets où j’ai pu partager des extraits :