Porcelaine : Légende du tigre et de la tisseuse, d’Estelle Faye
Description: (de Moutons Electriques)
Chine, vers l’an 200. Xiao Chen est un comédien errant, jeté sur les routes par un dieu vengeur. Un masque à forme humaine dissimule son faciès de tigre, tandis que son cœur est de porcelaine fêlée. Son voyage va durer plus de mille ans.
Au cours de son périple, il rencontrera Li Mei, une jeune tisseuse, la Belle qui verra en lui plus qu’une Bête. Celle qui, sans doute, saura lui rendre son cœur de chair. Cependant Brume de Rivière, fille-fée jalouse et manipulatrice, intrigue dans l’ombre contre leur bonheur.
Pendant presque quinze siècles, rivalités et amour s’entrecroisent, tissant une histoire de passion, de tendresse et de sacrifice, sur fond de magie et de théâtre.
Depuis que j’ai posé les yeux sur ce livre en librairie il y a deux ou trois ans, j’ai toujours eu envie de le lire. Les coups de cœur sur des couvertures j’en ai au moins 2 par semaines, il n’empêche qu’une jolie couverture marche toujours pour attirer mon regard et enflammer mon intérêt. Je l’ai finalement déniché en flânant dans les rayons de la bibliothèque et me suis tout de suite jetée dessus. Enfin j’allais pouvoir découvrir quelle était l’histoire que cette belle couverture promettait ! Et puis, Porcelaine a quand même reçu le prix Elbakin.net pour Meilleur roman Fantasy français en 2013, donc mes espérances étaient assez hautes.
Malgré les livres à lire pour les cours et les nombreux devoirs à rendre, en même pas une semaine j’avais finis ma lecture. Ce n’est pas un pavé, il compte 288 pages. Je ne peux pas dire que ce fut un coup de cœur comme l’a été la couverture. A plusieurs reprises j’ai haussé un sourcil ou deviné ce qui allait se passer. Tout de même, je ne regrette pas d’avoir lu ce livre, ce qui mérite bien que je passe un peu de temps à écrire ce qui m’a plu, et ce que j’ai moins aimé.
Comme souvent, c’est le fait d’avoir lu la description à l’arrière du livre qui m’a amené à avoir des attentes qui au final n’ont pas été satisfaites. Bien que reprenant des éléments de l’histoire, elle ne donne pas les bons renseignements. Je lis rarement des histoires d’amour, mais j’étais prête à me laisser emporter par celle-ci. Toutefois cela ne prend pas une très grande place dans l’histoire. Toute la première partie est centrée sur Xiao Chen, la façon dont il se retrouva affublé d’une tête de tigre, sa jeunesse et son départ dans le monde. Bien que prenant, je me demandais quand est-ce que cette fameuse Li Mei allait apparaître ! C’est pourtant Brume de Rivière que l’on rencontre avant elle, son histoire avec Xiao Chen est mignonne mais forcément on sait que ça va mal tourner du fait de la description.
L’évolution des personnages est fascinante, bien que pour certains je n’ai pas trop compris d’où venaient tel ou tel sentiments. Ce qui m’a le plus gêné, c’est la façon dont Brume de Rivière a été traitée. D’accord, elle n’est pas 100% humaine, mais il était tout de même décevant de voir les deux seules personnages féminins se haïrent et se faire vivre les pires choses à cause d’un homme. Ces trois-là sont mentionnés dans la description mais il y a d’autres personnages, chacun évoluant de façon intéressante avec une place importante dans l’histoire.
« Pieds-de-Cendre et moi, nous sommes nés quand ce pays ne s’appelait pas encore Chine. Nous sommes comédiens et nous arpentons les routes depuis mille deux cents ans. »
On nous promet des siècles dans la description mais on ne suit les personnages que sur des dizaines d’années, pour ensuite s’entendre dire que tant ou tant d’années ont passées entre deux moments. Dommage car j’aurais aimé voir l’évolution de la Chine sur ces années. On ne voit que le contraste de la Chine de l’enfance de Xiao Chen puis celle, quelques siècles plus tard, de Li Mei. Néanmoins, avec moins de 300 pages cela a été assez bien géré sans passer par des clichés. Autre petit problème : jamais aucune réaction sur le fait que Xiao Chen soit immensément plus vieux que Li Mei (mais il est beau alors on s’en fiche).
« Le monde nouveau se débarrasse des antiques magies, tel un comédien qui, à la fin du spectacle, abandonne un costume trop lourd à porter. »
J’ai beaucoup aimé le point de vue de Li Mei, même si c’est par ses yeux que l’on retrouve Xiao Chen après tant d’années et qu’on ne le reconnait presque plus. La façon dont ils se rencontrent est tout le contraire de romantique, mais celle dont leurs sentiments évoluent est sympathique, ça ne m’a jamais semblé forcé. La force de ce personnage, sa ténacité m’ont vraiment plu.
Cette histoire fait vraiment penser à une légende, là-dessus pas de surprises. Ça change pas mal des romans habituels que je lis : je me serais vraiment cru dans un vieux livre poussiéreux trouvé au fond d’un grenier, me parlant de temps et lieux éloignés. Par rapport à la multitude de romans de fantasy se passant dans un monde plus européen, c’était un changement de décor très agréable.
« Tiens. Prend ça et fronce les sourcils si tu croises un démon. Avec un peu de chance, il croira que tu sais te battre. Après tout, – Xiao Chen esquisse un sourire – nous sommes des comédiens. »
J’ai toujours en tête les couleurs, images et ambiances de ce livre, à de nombreuses reprises je me suis arrêté pour mieux imaginer le décor dans ma tête et à souhaiter qu’un film existe. Magie, spectacle, danse et créatures étranges : l’esthétique de ce roman m’a vraiment plu.
Malgré les quelques critiques que j’ai pu faire, je replongerai dans un roman d’Estelle Faye avec plaisir. D’ailleurs j’ai vu que la bibliothèque avait Un Éclat de Givre et ce sera sans doute ma prochaine lecture !
« Le temps passe et les hommes changent, mais le spectacle continue. »